L'œuvre reprend certains éléments tirés des pages évangéliques et d'autres qui proviennent de la tradition iconographique de l'Orient et de l'Occident, et elle est traversée verticalement par la révélation de Dieu, Sainte Trinité, c'est-à-dire le Père, le Fils et le Saint-Esprit, qui s'est produit au moment du baptême de Jésus par Jean dans le fleuve Jourdain. Au-dessus, la fissure dans le ciel nous permet de contempler la figure du Père, vêtu de blanc et de splendeur éternelle, avec la main protégeant le globe du cosmos, entouré d'anges, les bras croisés sur le cœur en état d'adoration et ardemment aimé des chérubins sous la forme d’anges enfants.
En descendant, le Saint-Esprit se manifeste sous la forme d'une colombe, ouvrant le ciel comme un rideau. Immédiatement en dessous, Jésus, le Fils de Dieu devenu homme, se penche pour recevoir le signe de l’aspersion avec l'eau du fleuve, des mains de Jean dont le corps émacié témoigne de sa vie ascétique dans le désert de Judée. Même la position de Jean dans l'ombre correspond à sa position secondaire par rapport au Rédempteur, en pleine lumière : comme le rappelle le prologue du quatrième évangile, Jean indiquait le Christ présent dans le monde, mais Jean n'était pas la lumière du monde, il en était le témoin. Les vêtements du Christ sont entre les mains de quelques anges venus l'assister : la tunique est tissée de fils rouge cramoisi, couleur de l’habit principal des empereurs romains et byzantins ; le manteau bleu recouvre la tunique elle-même, dans une combinaison qui reflète symboliquement la nature divine majestueuse de Jésus, qui est un de la Trinité, revêtue de la nature humaine qu'il a assumée par amour pour nous. Le dépôt des vêtements, physiquement nécessaire à l'immersion baptismale dans les eaux du fleuve, a deux autres significations symboliques. Tout d’abord, elle exprime l’humble dépouillement du Christ, qui a renoncé à toute splendeur pour venir à nous comme un ami et descendre dans notre faiblesse et dans notre mort pour nous relever. La déposition des vêtements, en outre, anticipe le dépouillement définitif de Jésus sur le bois de la croix, lorsque sa tunique, précieuse et tissée sans coutures, sera tirée au sort par les soldats qui ont supervisé l'exécution du condamné ; tandis que le manteau et les sandales seront partagés entre eux. L'immersion dans les eaux où les pécheurs recherchaient la pureté qui vient de l'intervention miséricordieuse de Dieu s'accomplit dans l'immersion du Christ dans sa passion et sa mort, œuvre suprême de la miséricorde divine qui offre à chacun la possibilité d'une véritable purification.
Par ailleurs, avec un peu d’attention, on remarque que le Père, placé en haut et de profil, ne montre qu'un côté de son visage, tandis que le Fils, en bas et de biais, ne montre que l'autre côté, comme pour signifier qu'un regard d'ensemble permet de saisir la pleine révélation du mystère de la vie de Dieu.
L'environnement, le ciel, les nuages, ainsi que la terre, les rochers, le fleuve, semblent touchés par cette révélation, grâce aux lignes de force que le peintre met en valeur, comme si le cosmos tout entier était bouleversé par l'irruption de la Trinité dans le monde créé. Enfin, les anges présents témoignent de la réalité invisible que Dieu a créée avec celle qui est visible, en destinant son Fils incarné pour être le salut et la joie éternelle de ces deux dimensions du monde. Le fait que les anges passent facilement du ciel à la terre est l'un des enseignements les plus récurrents du style baroque, une réponse à la vision luthérienne et d'autres réformateurs qui proposait, pour ainsi dire, une évacuation du ciel chrétien et l'éclipse du culte des saints et des anges, qui sont en réalité nos puissants intercesseurs et amis spirituels, cachés mais proches.
La célèbre manifestation du Saint-Esprit sous la forme d'une colombe fait probablement référence au livre de la Genèse, lorsque les eaux du déluge eurent effacé le monde défiguré qui, après le contraste originel entre l'homme et Dieu, s'était progressivement dégradé à cause de la rupture de l’harmonie et la propagation de la dégradation et de la violence. Noé et sa famille, ainsi que les créatures sauvées dans l'arche, ont survécu à ce cataclysme aux proportions universelles, en attendant que les eaux se retirent lentement pour pouvoir sortir de l'arche et reconstruire le monde et la vie. Lorsque les sommets des montagnes apparurent, pour savoir s'il y avait quelque part un lopin de terre ferme, selon la page biblique, Noé envoya d'abord un corbeau, qui retourna à l'arche parce qu'il n'avait surement pas trouvé où se percher ; puis dans un deuxième moment, il envoya une colombe, qui était revenue la première fois n'ayant également trouvé que de l'eau, mais la deuxième fois, quelques jours plus tard, elle revint dans la soirée avec un rameau d'olivier dans le bec ; et la troisième fois elle ne revint pas du tout, signe évident qu'elle avait finalement trouvé un moyen de se poser sur la terre ferme libérée des eaux. Lorsque l'Esprit Saint, du sein de la Trinité se pose sur Jésus au moment où il sort de l'eau du fleuve, le signe de la colombe semble déclarer que c’est Lui la nouvelle terre à partir de laquelle il est possible de commencer à reconstruire le monde et la vie, en abandonnant l'histoire dégradée par le péché, l'existence déformée de la créature qui prétendait vivre et être heureuse sans le Créateur.